Le sexe dés mon plus jeune age

imagesMPIFPGPNOn peut pleurnicher ad vitam aeternam sur notre société occidentale exhibitionniste. Sur les décolletés et le porno qui tuent l’érotisme, le vrai, celui qui se planque sous trois tonnes de froufrous. Sur la télé-réalité qui a tout cassé. Sur l’obsession pour la transparence. Sur les médias qui fouinent dans les recoins des politiques. Sur la science qui détruit l’idée même de mystère.

Mais à l’arrivée, l’intime se porte bien. De quoi parle-t-on quand on parle de sexe avec nos amis ? De sexe généraliste – donc de la sexualité des autres. De si on a scoré ou pas. On balancera peut-être quelques anecdotes sur le physique ou les préférences de notre camarade de jeu du moment – et encore, en ayant mauvaise conscience. Au maximum on confiera quelques fantasmes parmi ceux qui sont socialement acceptables. Mais ensuite, notre ressenti précis ? Notre désir précis ? Nos réactions physiques et émotionnelles ? Jamais, ou seulement dans une situation de vulnérabilité (genre, on pense avoir « un problème »).

Mieux encore : tout le monde ne parvient pas à parler de sexe avec son/sa partenaire. Qui serait quand même la première personne intéressée. Sinon, comment expliquer les fournées d’articles qui expliquent comment « communiquer », comment « avouer » ses fantasmes ? Si nous étions exhibitionnistes et crus, on demanderait directement à se faire attacher à la poignée de porte.

La pudeur est sauve. Au point qu’il reste compliqué de trouver une information humaine, premier degré, non stylisée. Il nous faut des témoignages en « je » qui aillent au fond des choses, et même dans l’autofiction, même dans les blogs, même sous couvert d’anonymat, on trouve finalement peu de textes sur l’expérience sexuelle qui soient simples, directs, et dénués d’arrière-pensée politique ou marchande.

Du coup, une femme a décidé de créer un espace sur Tumblr où les femmes pourraient parler de leurs orgasmes. Quand elles en ont. L’interview de la fondatrice est ici, le Tumblr est ici. On y lit des dizaines de récits, de questions, aux réponses  bien précises. On y lit des conseils comme ici :

« Quand tu me lèches, commence par flirter avec ma chatte. Dépose des baisers sur toute la surface, puis concentre-toi sur mon clito. Sois délicat. Je répète, sois délicat. Les cercles avec la langue marchent bien. Je déteste les coups de langue comme si tu lapais. Je vois ça dans le porno tout le temps et je ne comprends pas l’intérêt. Il faut que ta langue soit large et relativement ferme, je DETESTE quand la langue devient toute dure et pointue au bout. Ne roule pas ta langue en U. Mets-la juste sur mon clito et trouve un mouvement que tu peux tenir pendant un bon moment. Pour moi, c’est juste une question de temps. Alors prépare-toi à ce que ça dure. Si je te dis que je vais jouir, ne commence pas à accélérer ou augmenter la pression. Continue juste comme avant. »Ou encore cet extrait :

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« Orgasmes avec une machine : haute intensité, peu de fluctuations, faible durée.Orgasmes avec un humain : comme de la crème chaude parcourant tout mon corps, avec des petits courants électriques comme si de l’extasy passait à travers moi. J’aimerais décrire la sensation sans référence à une drogue, mais je ne crois pas y parvenir. La sensation est indescriptible. L’énergie se concentre en vagues qui se multiplient et tourbillonnent, qui rayonnent et se libèrent comme des sabres lumineux dans mon cerveau, de plus en plus clairs et clairs et clairs jusqu’à ce qu’ils faiblissent lentement et me ramènent sur terre. »

Un dernier pour la route ?

« Je me masturbe depuis aussi longtemps que je peux m’en rappeler. Pendant mon enfance c’était complètement non-sexuel, juste quelque chose que je faisais souvent avant de m’endormir. J’avais une formule pour « me sentir bien ». Il fallait me mettre sur le ventre, enrouler le drap autour de ma main, et mettre le paquet entre mes jambes. Ensuite je me balançais d’avant en arrière jusqu’à ce qu’une sensation chaude et confortable éclate dans mon estomac et s’étende à tout mon corps. Puis je restais comme ça un moment, sur le ventre, à profiter de cette sensation d’étourdissement, jusqu’à ce que je roule sur le côté en libérant ma main, avant de m’endormir profondément. Aujourd’hui, ma méthode de masturbation est exactement la même que quand j’avais cinq ans. »Les textes sont passionnants, divers, souvent marrants. Et surtout : on remarque la distance entre un discours public décrit comme exhibitionniste, et ce que serait une véritable exhibition.

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